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Parce que la vigne n'y échappe pas, parce qu'un jargon intrinsèque la définit,
ceci est un petit lexique non exhaustif d'expressions fleuries, d'expressions locales, d'expressions vigneronnes parfois farfelues, souvent fondées sorties de nos calebasses paysannes à la faveur d' une rencontre,  d'un vécu.

Tout naturellement sans ambage, sans fard, sans snobisme.  Peut-être un lien atavique avec notre culture,  notre terroir,  notre environnement.

Lexique qui s'enrichit au fil du temps, des rencontres,  des humeurs du vigneron et de ses ouailles afin de garder un lien avec le sol mais aussi les étoiles. 

Bonne lecture.


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...... Mildiou.                   Maladie cryptogamique de la vigne. Le mildiou est un champignon se développant sur les feuilles, les baies qui a son paroxysme, a la  manie de faire tomber les grappes, généralement autour de la floraison. Situation plutôt problématique pour la future récolte. Les moyens de lutte en bio, sont respectivement la prophylaxie et la bouillie bordelaise.

La première est recommandé la seconde est indispensable.

Le champignon se développe en climat humide uniquement,  c'est dire que le soleil et le vent du midi sont les meilleurs remède.  Nous devons être attentif, sans pour autant s’affoler. Surveiller, sans pour autant se stresser...

Mais vint 2018. Année terrible en bio. La récurrence des pluies de mars à juin emporta malgré les traitements plus nombreux une partie de la récolte. 

Comment l'estimer ? Impossible. Une partie du raisin sécha sur pied sans pour autant créer une incidence sur la qualité des futurs vins. Une perte sèche de récolte. C'est la loi, la dure loi du bio. Accepter !

 

Philosophie inverse de la culture chimique qui ne supporte aucun manquement, aucune perte  et à chaque problème : un produit. En l'occurrence le mildiou est détruit dans ce cas par des systémiques au nom commerciaux ronflants, aux molécules miraculeuses.

Foin de tout cela 2018 nous vit s'acharner à courir derrière la récolte qui aurait pu disparaître sous les coups de butoir  à répétition que le ciel nous octroya.

Métier bien difficile à pas mal d'égards. Ah, si le citoyen savait ce qui se cache derrière une bouteille  artisanale de vin !

Le mildiou se décline,  plutôt en fin de saison, en mosaïque.  Le mildiou dit « mosaïque » et une attaque sur feuille qui ternit le feuillage sans toutefois avoir une incidence sur les baies mais gare aux maturités car chacun sait que la maturité vient essentiellement de la photosynthèse via les feuilles et non, comme beaucoup le croient de l'effet direct du soleil.  Un feuillage détérioré à de réelle conséquences sur la qualité d'un vin.

Aujourd'hui peut être ou alors demain le soleil et le vent éradiquerons se phénomène et les choses rentrerons dans l'ordre car, chez nous, dans le sud, on se moque un peu de  se champignon maléfique et nous le traitons souvent avec un peu de dédain et de bouillie bordelaise mais je ne sais pas si le dédain est autorisé en agriculture biologique.  Il faudra que je potasse un peu mieux le cahier des charges ou que je demande à certains collègues qui le maîtrise mieux que moi.

 

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........Grâce matinée :                        je me suis entendu dire après une semaine de feu, de soleil intense, de brûlure de juin où pour retrouver un semblant de fraîcheur les journées commencent tôt,  très tôt.  Tout de go j'ai déclaré un samedi :
'' houlala j,ai bien récupéré ce matin, j'ai fait la grâce , jusqu'à 7 heures''..
Tout est relatif mais ça fait marrer une copine parisienne.

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...... Espoudasser :                            Mot venant  de l'occitan que l'on emploi dans nos contrées sudistes  fort régulièrement. On espoudasse la vigne avant la taille afin de réduire l'ampleur des rameaux, des sarments afin de faciliter la précision de la taille d'hiver. Un prêtaillage.  Il s'agit de passer autour du pied et d'ôter à l'aide d'un sécateur la partie supérieure du sarment afin d'y laisser seulement  20 ou 30 centimètre .
A vous de jouer. 
Petit exercice intellectuel : conjuguer le verbe espoudasser au passé simple de l'indicatif.

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..... Apex :                                           revenons à nos sarments qui durant la saison poussent vertigineusemment pour devenir bois en août.  Le  bout, la pointe du sarment se nomment, peut être pour donner une élégance supplémentaire à sa prestance, l'apex.
Apex, que nous Vignerons,  coupons régulièrement au cours des ėcimages afin que la végétation n'henvahisse pas le rang.
L'apex du mourvèdre est appelé la ''crosse du pape'' en raison de sa courbure caractéristique. Un septre brandit au dessus du feuillage.

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..... Nez :                                              non pas celui de Cyrano mais les trois du vin.
Le premier sans remuer le verre afin d'y sentir les réductions d'une première approche, 
Le second en tournant préalablement le verre pour oxygéner et redonner de la complexité au breuvage,
Le troisième plus mystérieux,  moins connut le verre vide pour y juger la persistance aromatique.
On y reviendra un jour ou l'autre avec un sommelier plus expert dans son approche.

 

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.... Météo :                                          En ballade vigneronne je converse allègrement avec nos visiteurs.  Les groupes de plus de 50 sont plus long à manier.  Les sujets fusent . De la pratique du bio à la préservation de l'écosystème en passant par les cépages,  le terroir, le volcan, que sais-je...

 Machinalement, lors d'une, je lance en l'air une feuille de vigne et la regarde s'éloigner dans le vent tourbillonnant de ce début de printemps.  Toujours attentif, je déclare :  

     

     - '' demain le vent tombera et nous risquons un peu de pluie ''  

     Un quidam le regard rond devant tant de science demande:  

      - '' mais où voyez vous tout ça ''  

      Je  prends un air docte et lui réponds : 

    - '' sur Météo Ciel, vous connaissez pas ?''

    Le groupe se marre et l'on continu. Puis les gens osent moins les questions. C'est curieux. 

 

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.... Amendonné  :                              Pierre angulaire du langage occitano- paysan- rural-sudiste. Mot d'une importance capitale que l'on emploi à tire-l'arigot. Pour ponctuer une histoire, un récit, mettre du suspens quand le protagoniste,  par exemple,  à trop abusé du goulot, le narrateur peut déclamer :

'' Amandonné il était sou comme un cochon et il a ''  etc, etc....

Mot traduit dans les contrées septentrionales avec un accent pointu par l'expression alambiqué '' à un moment donné''.... Pourquoi faire compliqué alors qu'en un mot....

 

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...... Véraison :                                     étape essentielle dans la maturité phénolique d'un raisin. Entre mi et fin juillet le raisin vére en passant du vert au rouge ou au blanc selon les cépages. On vendangera théoriquement 45 jours après .

C'est le moment ou le raisin se met à gonfler, jusqu'alors il grossissait sur lui même en fabriquant de la matière. Désormais il gonflera et mûrira jusqu’à vendange.

A véraison une pluie vaut de l'or à fortiori dans le midi car la baie grossira mais gare aux peaux trop fine qui, avec trop d'eau, exploseraient avant cueillette.

A véraison le vigneron à fait sont du, le ciel fera le reste.

A véraison les sucres montent, les chais se réveillent.

A véraison se lèvent vers les cieux les yeux du vigneron pour un ultime clin d’œil avant le grand débat.

 

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….. Réflexion d'un ancêtre :                            Nous taillions, par un beau matin hivernal, une parcelle dont le voisin était bien vieux, parcheminé, noueux mais fidèle au poste. Nonagénaire au bas mot il entretenait une forme étonnante à la vigne.

      Un espèce d'immortel venu du fond des ages, un sourire malicieux vissé aux lèvres il s'approche de nous et nous échangeons les éternelles politesse : Bonjour, bonjour, ça va, ça va.Il fait frais, il fait frais. C'est pas normal pour la saison .C'est pas normal pour la saison. Ce temps est cabourd, ce temps est cabourd...

     Mise en bouche universelle avant de taper dans le dur. Échauffement maxillaire avant que la question ne fuse. Roulement de garguante avant de se lancer, et le vieux de nous demander :

                                - Elles sont vôtres ces vignes ?

                                 Nous de répondre :

                                 - Oui, bien sur, on en est propriétaire depuis quelques mois.

                                 - Etttt, (hésitation) vous en avez beaucoup

                                - 6 hectares environ.

                                - Et d'où vous êtes ?

                                - Entre Gabian et Fouzilhon, la campagne de Cadablès,

                                - Ha, je vous connais pas mais je connais la campagne.

 

   Et l’ancêtre de réfléchir, de se gratter sous la casquette et de déclamer, l'air étonné, l'air offusqué de l’ouvrier agricole empathique :

- C'est quand même un monde, de nos jours, les patrons sont obliger de travailler !

Nous bouche bée :

- Ah oui, c'est sur.

 

En effet c'est regrettable. Et chacun de reprendre sa tache après un au revoir, un «  on se reverra », après un aussi beau sujet de méditation.

 

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 ..... Colle et Soulenque :                             Les vendangeurs cueillent en colle, chantent parfois en cœur quand le raisin est abondant, quand la chaleur décroit, quand les vendanges finissent.

 

Efforts froissant les dos, maculant les mains d'un rouge lie de vin parfois entaillées par un sécateur trop vif.

 

Joyeuses conversations les matins frais, mutisme monacal les après-midi chauds pour peu que l'on ait bu au repas du midi. La verve reviendra bien plus tard lorsque les dos vrillés par l'effort constant se déplierons, lorsque le soleil descendra dans le ciel pour saluer la colle suante, collante, éreinté.

 

La définition officielle : groupe de vendangeurs de 8 coupeurs, 2 hommes transporteurs de comportes, 1 homme presseur de raisin dans la comporte, 1 videur de seaux. A Cadablès on ne presse plus dans la comporte car il faut garder intactes les baies pour plus de qualité.

 

La récolte achevé le traditionnel repas : " la soulenque" est l'occasion d'agapes, de rencontres, de joies, d’au revoir, de chants, de guitare, Une manière toute languedocienne de saluer l'an qui finit et parler de l'an qui vient, Le roi est mort, vive le roi.

 

La soulenque, encore une occasion de goûter les millésimes passés, toujours en magnum, question praticité.

 

Repas toujours gargantuesque : la peur de manquer, opulence rurale et remerciements inconditionnels pour une soirée où l'esprit éthérés par d'élégantes vapeurs nous utopisons un monde bio, équilibré, humain, sensible.

 

La soulenque comme un rendez-vous pris, à perpétuité. A coup sur !

 

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Published by cadables